Un an au pouvoir : premier bilan d’Emmanuel Macron
Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron remportait l’élection présidentielle, après une campagne singulière qui suscita la surprise des analystes politiques. Une enquête de BFMTV, « Macron, le casse du siècle », résume cette impression. Le Président lui-même, lucide, a fait cette analyse : « Je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’Histoire, d’une effraction. » Un an après, sa légitimité est bien assise et les réformes vont bon train.
Par Marie Forest © Shutterstock - Frederic Legrand - COMEO

En France, chaque nouveau Président élu s’est présenté comme l’antithèse de son prédécesseur : au «président inactif» Jacques Chirac a succédé l’« hyperprésident » Nicolas Sarkozy, remplacé par le «président normal» François Hollande, lui-même cédant la place au « président jupitérien » Emmanuel Macron... Or qui dit jupitérien dit pouvoir vertical. C’est donc logiquement avec autorité que le Chef de l’État a engagé les premières mesures promises dans son programme de campagne. Un taux de croissance à 2 % et le sensible recul du chômage, poussant à l’optimisme, lui laissent une certaine latitude pour agir, et ce à un rythme soutenu. Institutions, secteur social, économie, fiscalité... tous les domaines sont concernés, sans oublier son action à l’international en vue de renforcer l’influence de la France sur la scène mondiale.
INSTITUTIONS
Après les scandales à répétition qui ont secoué le paysage politique français ces dernières années, Emmanuel Macron était très attendu sur le sujet de la moralisation de la sphère publique. Ce fut donc le premier chantier auquel il s’attela à son arrivée au pouvoir. Les lois pour la confiance dans la vie politique, promulguées fin 2017, sont venues compléter les mesures relatives à la transparence adoptées en 2013, et celles contre la corruption promulguées en 2016. Les promesses de campagne sur la suppression de la réserve parlementaire ou l’interdiction pour les élus et ministres d’embaucher un membre proche de leur famille sont tenues. S’y ajoutent d’autres garde-fous, comme la vérification de la situation fiscale des parlementaires, un remboursement des frais de mandat conditionné à la présentation de notes de frais, une peine complémentaire d’inéligibilité en cas de crime ou de manquement à la probité, un durcissement des critères sur les conflits d’intérêts ou un encadrement plus strict du financement des partis politiques.
La réforme du fonctionnement des institutions devrait se poursuivre avec le souhait affiché par Emmanuel Macron de réduire le nombre de parlementaires de 30 %, dans une même proportion à l’Assemblée nationale (404 députés au lieu de 577) et au Sénat (244 sénateurs au lieu de 348). Parallèlement, le projet de loi constitutionnelle « pour une démocratie plus représentative, responsable et efficace » a été présenté en conseil des ministres. Il touche le gouvernement (interdiction pour les ministres d’exercer des fonctions exécutives locales ou de présidence d’assemblée délibérante au sein des collectivités, suppression de la Cour de justice de la République au profit de la cour d’appel de Paris pour juger les membres du gouvernement...), les collectivités territoriales (institution d’un droit à la différenciation entre collectivités territoriales, inscription de la collectivité de Corse dans la Constitution avec des prérogatives associées...) et les procédures législatives (irrecevabilité des amendements employés comme « cavaliers législatifs », réduction des délais d’examen des projets de loi de finances...).
ÉDUCATION
Une des principales préoccupations du Président Macron est l’éducation, et ce à tous les niveaux, de la maternelle aux études supérieures. Il a donc demandé aux différents ministres concernés de faire des propositions pour répondre à ses engagements de campagne et accroître l’efficacité des méthodes d’enseignement dispensées en France, dont la réputation a été mise à mal dans les derniers classements des systèmes éducatifs. Par exemple, pour la maternelle et le primaire, la scolarisation des enfants à partir de trois ans est désormais obligatoire, et les classes de CP et CE1 en Zones d’éducation prioritaires – pour lesquelles 4 000 à 5 000 postes d’enseignants vont être créés – seront limitées à 12 élèves. Dans le secondaire, les aménagements des rythmes scolaires, des études dirigées et des parcours bilingues seront à la discrétion des collectivités. En outre, la réforme du baccalauréat est actée...
