PAP II ajusté pour la relance de l’économie : des mesures d’adaptation à la Covid-19
Avec le Plan d’actions prioritaires II (PAP II) ajusté pour la relance de l’économie, présenté lors d’une réunion gouvernementale le 13 août 2020, le Sénégal entend redynamiser son économie affaiblie par la crise sanitaire.
Par Stanislas Gaissudens © Lionel MANDEIX

Depuis le lancement du Plan Sénégal émergent (PSE) en 2014, le pays a connu un cycle de croissance remarquable. L’objectif de la phase 2 du PSE est de consolider les acquis et accélérer la marche vers l’émergence en 2035. «Le Sénégal veut rester dans cette dynamique avec le PSE à travers la séquence 2019-2023. Le Programme d’actions prioritaires de cette phase 2 porte sur des secteurs cibles comme les infrastructures, les mines, l’énergie — y compris l’exploitation du pétrole et du gaz à partir de 2023 —, l’agriculture et l’agrobusiness, la construction, le tourisme, la finance, mais également les industries et surtout l’économie numérique», explicitait Macky Sall, fin août, lors de l’université d’été du Medef, le patronat français.
Impacts de la Covid-19
La pandémie de la Covid-19 a eu un impact négatif sur l’économie sénégalaise. La projection de croissance du PIB pour l’année 2020 a été révisée de 5,3 % à 1,1 %. Au Sénégal, tous les secteurs ont été touchés. La croissance du PIB du secteur primaire est passée de 7,7 % à 4,2 % pour 2020 entre l’avant et l’après-Covid. L’impact a été modéré sur l’agriculture, avec une continuité de la demande locale et des exportations. Les effets sur la pêche ont également été limités, même si les exportations ont été temporairement arrêtées à la suite des mesures sanitaires nationales et internationales. Le taux de croissance du secteur secondaire est passé de 5,4 % à 1,6 %. Les prix et la demande en produits miniers (or et phosphate) sont restés stables, même si les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées. La production agroalimentaire a également souffert des fermetures d’usines et des perturbations logistiques. Mais c’est le secteur tertiaire qui a été le plus touché par la crise sanitaire, avec un taux de croissance pré-Covid de 6,5 % réévalué à -1 %. La mise à l’arrêt du tourisme, la chute du transport aérien due à la fermeture des frontières et le ralentissement des transports routiers en relation avec les mesures sanitaires sont à mettre en cause.
Soutien financier étatique
Pour atténuer la crise, le gouvernement a mis en place, dans le cadre du PAP II ajusté pour la relance de l’économie, le Programme de résilience économique et sociale (PRES), financé par le fonds Force Covid-19 et doté de 1 000 milliards de francs CFA. Le PRES vise en premier lieu à renforcer le système sanitaire, afin de couvrir les dépenses de santé liées à la riposte contre la pandémie (cf. notre article sur le sujet). Il doit aussi permettre de renforcer la résilience sociale des populations, avec des mesures telles que la prise en charge des factures d’électricité et d’eau, l’aide alimentaire d’urgence, l’appui à la diaspora, le soutien aux éleveurs et pêcheurs artisanaux. Grâce au PRES, l’approvisionnement régulier du pays en hydrocarbures, produits médicaux, pharmaceutiques et denrées de première nécessité a été rapidement sécurisé.
Mais la majeure partie de l’enveloppe de 1 000 milliards de francs CFA, soit 742 milliards, doit être consacrée à préserver la stabilité macroéconomique et financière par le soutien au secteur privé et le maintien des emplois au travers des mesures suivantes : le paiements des dettes dues aux fournisseurs de l’État (200 milliards), la remise de la dette fiscale (242 milliards), le soutien aux entreprises (100 milliards) et le mécanisme de financement (200 milliards) ; 300 milliards ont été mobilisés à des fins de reports d’échéances.
Les mesures de riposte à la pandémie engagées par le Sénégal correspondent à 7% de son PIB. Sur le continent africain, c’est l’un des pays ayant le plus fait pour relancer son économie. Bien entendu, ces mesures ont creusé le déficit budgétaire, à -6,1% pour cette année (contre une prévision à 3,1% avant le coronavirus). De même, le taux d’endettement du Sénégal pour 2020 a été révisé par le FMI à 69% (contre 63%). Les défis sont immenses. D’ici 2023, le PAP II ajusté requiert un financement estimé à 14 712 milliards de francs CFA, sous l’hypothèse d’un taux de croissance moyen de 6,7 % et d’un déficit budgétaire de 4,1%. La contribution du secteur privé (comprenant les PPP) est estimée à environ 4 000 milliards, soit 33 % du PAP II ajusté.
