Face au coronavirus : la riposte s’organise
Début mars 2020, alors que la pandémie de Covid-19 gagnait du terrain sur l’ensemble de la planète, le Sénégal faisait preuve de réactivité, en prenant des mesures sanitaires et conservatoires nécessaires pour soutenir la population et sauvegarder l’emploi.
Par Stanislas Gaissudens © AFP - JOHN WESSELS

Le premier cas sénégalais de Covid-19 a été diagnostiqué le 2 mars. Le gouvernement n’a pas attendu le premier décès, fin mars (celui de l’ancien président de l’Olympique de Marseille, Pape Diouf), pour agir.
Agir rapidement
Dès le 11 mars, le ministère du Tourisme et des Transports aériens publiait une circulaire relative aux normes sanitaires dans les établissements hôteliers. Quatre jours plus tard, un arrêté suspendait les croisières et les déplacements touristiques en bateau. Le 13, le gouverneur de la région de Dakar fermait par arrêté les mosquées de la région.
Le 23 mars, Macky Sall, s’adressant solennellement à la nation, décrétait l’état d’urgence sur le territoire sénégalais. «Ce moment est inédit dans l’histoire de l’humanité. Voilà que l’infiniment petit fait trembler le monde entier, de façon brutale, rapide et massive», déclarait-t-il. Certains ont jugé la mesure excessive. Mais, conscient du «risque de calamité publique», le Président a souhaité endiguer au plus vite l’avancée du virus. Le 10 septembre, le Sénégal comptait officiellement 14 150 cas d’infection au Covid-19, dont 10 207 ont été déclarés guéris, 3 649 alors sous traitement et 293 personnes décédées, selon un communiqué officiel du ministère de la Santé. Les décisions prises ont porté leurs fruits. On peut aujourd’hui donner raison au Chef de l’État.
La limitation de la circulation des biens et des personnes et la fermeture de la majeure partie des lieux publics n’ont pas été sans conséquences. Afin d’éviter une famine, le gouvernement a pris des dispositions de lutte «contre toute hausse indue des prix» des produits de première nécessité, et des distributions alimentaires ont été effectuées sur l’ensemble du territoire par les autorités. Une enveloppe de 50 milliards de francs CFA a été débloquée pour l’achat de vivres à destination de l’aide alimentaire d’urgence. Du côté des entreprises, des mesures fiscales ont été engagées, telle une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019 due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards.
Les conditions de l’état d’urgence ont été assouplies dès le 12 mai. Les commerces ont pu rouvrir, et les cours ont repris progressivement pour les classes de CM2, 3e et terminale. Les autres élèves ont continué leur apprentissage via le dispositif «Apprendre à la maison», décliné dans ses plateformes télévisuelle, radiophonique et numérique. La production de millions de masques a été lancée dans le pays.
Santé et économie : deux priorités
Au Sénégal, comme sur toute la planète, le Covid-19 a mis au jour les failles des systèmes de santé. La priorité, pour le gouvernement sénégalais, a consisté à renforcer le sien. Le Programme de résilience économique et sociale (PRES) a permis d’acheter de nouveaux équipements et produits médicaux, de relever le plateau sanitaire, d’aménager de nouvelles structures destinées au traitement des épidémies. Aujourd’hui, 33 centres sont répartis sur le territoire. D’autre part, l’État entend recruter 500 médecins et 1 000 personnes œuvrant dans la santé, notamment des infirmiers, d’ici la fin de l’année 2021. Et ce n’est qu’un début, car une ambitieuse stratégie de modernisation du secteur a été initiée, portant sur les quatre prochaines années : le «Plan d’investissement pour un système de santé et d’action sociale résilient et pérenne» (2020-2024), dont une composante, dédiée à la télésanté, a été dotée de 500 milliards de francs CFA. Selon le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, ce Plan va permettre de créer des « hôpitaux de niveau 4», notamment à Dakar.
Si le domaine de la santé occupe une part importante du PRES, ce dernier a également pour objectif de soutenir les ménages, en particulier les plus nécessiteux. «En plus de la prise en charge par l’État des factures d’électricité des abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre, la distribution des denrées de première nécessité est engagée depuis le 11 avril», détaillait le 29 juin Macky Sall. Cette opération d’envergure, achevée mi-juillet, était une grande première, qui a mobilisé plus de 4 000 camions pour l’acheminement de l’aide destinée à plus d’un million de foyers.
«De la même manière que nous ne pouvons pas laisser au virus nos vies et notre santé, nous ne pouvons, non plus, lui laisser la vie et la santé de notre économie», a déclaré le Chef de l’État le 29 juin dans son message à la nation. Il a à cette occasion proclamé la levée de l’état d’urgence, précisant que le « taux de croissance économique passerait de 6,8% à 1,1%, voire moins», du fait de la crise sanitaire. La création d’un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19, Force Covid-19, a été annoncée le 23 mars. Il est doté de 1 000 milliards de francs CFA pour financer le PRES, aujourd’hui en cours d’exécution.
