Le Giec tire la sonnette d’alarme
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Le 4 avril dernier est paru le nouveau rapport du groupe de travail III du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), après deux semaines de discussions entre les 195 États membres, et 48 heures de retard dans la publication par les délégués du Giec. Ce dernier volet du 6e rapport d’évaluation du GIEC étudie les scénarios de baisse de réduction des gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique, autrement dit, les moyens d’action, après avoir fait le constat de la hausse continue des gaz à effet de serre et de l’intensification des événements climatiques extrêmes depuis la période pré industrielle. L’influence humaine sur le climat a entraîné un réchauffement planétaire de 1,1 °C en moyenne ces dix dernières années par rapport à la période 1850-1900. En 2019, selon le rapport, environ 34 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l'activité provenaient du secteur de l'approvisionnement en énergie (dont une partie sert à fournir de de l'électricité aux industries et à chauffer les bâtiments), 24 % de l'industrie, 22 % de l'agriculture, et seulement 15 % des transports.
Dans son premier volet publié en août 2021, le GIEC estimait que l'accélération du réchauffement conduisait à ce que le seuil de +1,5 °C puisse être atteint vers 2030. Aujourd'hui, la situation est plus grave, et les estimations plus alarmistes. Il faut réussir à inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025. Les scientifiques estiment que seules des mesures rapides, immédiates et ambitieuses pourront permettre de contenir l'augmentation de la température globale sous les 2 degrés, et encore plus sous les 1,5 degrés. Cela permettrait d'atteindre l'objectif de 2 °C. L'Accord de Paris, qui consistait à limiter l'augmentation à 1,5 °C, a d'ores et déjà été considéré comme « hors de portée ».
Nous reste-t-il « trois ans seulement pour garantir un monde vivable », comme l’affirmait dans une dépêche l’AFP le 4 avril ? Aucune date butoir ne figure dans le rapport. Le 27 avril, un collectif de scientifiques, auteurs des trois volets du 6e rapport d’évaluation du GIEC, a publié une tribune dans Le Monde dans laquelle il est dit que « cette affirmation n’est […] pas cohérente avec les conclusions du rapport, et elle contribue même à en obscurcir les principaux messages ».
Stabiliser le réchauffement climatique nécessite certes d’agir dès maintenant. Cela impose des transformations majeures dans tous les secteurs. Pour réussir à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C, il faudrait notamment diminuer drastiquement notre utilisation des énergies fossiles d'ici à 2050 : -60 % à -70 % de la consommation de pétrole et de gaz, la fin de l’utilisation du charbon, et une production mondiale d'électricité qui provienne de sources bas-carbone ou totalement propres. Vaste programme. Mais « il n’est jamais trop tard pour agir en faveur du climat ».